28 novembre

tintin_temple du Soleil 2 Voilà un site, à 70km de La Paz, qui nous a donné envie de relire l’un de nos grands classiques : Tintin !, et plus particulièrement le quatorzième album des aventures du plus célèbre des reporters belges : Le Temple du Soleil. Hergé s’est en effet largement inspiré de la civilisation Tiahuanaco, antérieure à la civilisation Inca, pour créer cet album. Nous aurions aimé pouvoir feuilleter la BD à nouveau avant de nous rendre sur le principal vestige archéologique de cette civilisation à Tiahuanaco même, la Cité du Soleil, afin de nous faire une idée. Mais il nous faudra attendre encore quelques mois avant de nous y replonger. Quelques détails ne nous ont pourtant pas échappé.

Et pour cause ! L’ambassadeur péruvien en Belgique lui-même s’est laissé convaincre les yeux fermés. Il demandait perplexe à Hergé en 1949 : « Quand avez-vous obtenu votre visa pour le Pérou ? ». « Je n’y suis jamais allé » reconnaissait le père de Tintin. C’est en réalité en arpentant les couloirs des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles que l’auteur a puisé son inspiration, dans les richesses artistiques Incas et de la culture Tiahuanaco (qui dominait la moitié Sud des Andes centrales entre le Vème et le XIème siècle, donc une partie du Pérou, de la Bolivie, et du Chili). Et les détails sont assez bluffants.

Mais avant toute chose, resituons l’histoire du Temple du Soleil de Tintin : il s’agit de la suite de l’album Les Sept Boules de cristal. Arrivés au Pérou, Tintin et le capitaine Haddock recherchent le professeur Tournesol… Tintin apprend qu’il a été enlevé parce qu’il a commis un sacrilège (il a momentanément porté le bracelet d’une momie) et qu’il devra pour cela être mis à mort. En suivant les traces des ravisseurs de Tournesol, Tintin et Haddock apprennent l’existence du Temple du Soleil, dernière retraite de la civilisation Inca. Ils entreprennent donc le voyage en compagnie de Zorrino, un jeune indien quechua. Après avoir traversé les Andes et la forêt amazonienne, ils aboutissent finalement au temple, mais sont à leur tour faits prisonniers par les Incas. Condamnés à être sacrifiés au côté de Tournesol, les trois compagnons sont sauvés grâce à une éclipse (cf. image de la BD 1). Ils quittent le temple en promettant de ne jamais en révéler l’existence, après avoir obtenu du chef des Incas qu’il mette fin à la malédiction qui s’est abattue sur les sept explorateurs dans Les Sept Boules de cristal. Ainsi, chacun d’eux sort enfin de sa léthargie.

Le site où nous nous rendons à Tiahuanaco est justement la Cité du Soleil, lieu de célébration du Dieu créateur Viracocha. Il est formé de différents édifices à vocation cérémonielle. Deux attirent plus particulièrement notre attention : le premier est le temple de Kalasasaya, un espace carré d’à peu près 125 mètres de côté, délimité par des murs de pierre d’une rectitude parfaite. Son nom, d’ailleurs, signifie « pierres dressées » en aymara. Il comporte en son sein la porte du Soleil qui semble avoir été une source d’inspiration majeure pour Hergé : comparez-là aux images de la BD 2 et 3 (cf. fresque en haut de l’image)… Les similitudes sont frappantes, vous ne trouvez-pas ? Dans le temple de Kalasasaya, nous trouvons également 2 statues anthropomorphes – Ponce et le prêtre – qui, eux, nous rappellent étrangement les Moais de l’île de Pâques. Y aurait-il eu une quelconque influence polynésienne à l’époque ? Le second édifice que nous trouvons intéressant est le temple semi-souterrain. Contrairement au site précédent représentant le ciel, celui-ci représente le monde souterrain. Il contient 172 têtes anthropomorphes de roche volcanique, toutes différentes, et dont certaines restent assez bien conservées.

A Tiahuanaco se trouvent également d’autres sites, moins bien conservés, et deux musées. On y trouve notamment des momies (la civilisation momifiait ses morts avant de les placer dans des murs en position fœtale), qui ont pu inspirer le personnage de la momie Rascarcapac de l’album Les Sept boules de cristal. Le monolithe Bennett, qui vraiment, nous fait de plus en plus penser à nos amis de pierre pascuans, est également présenté dans le musée. L’ensemble est finalement assez pauvre et les vestiges très minces pour une civilisation millénaire. Heureusement que le parallèle avec Tintin a sû nous tenir en haleine.

Après les vestiges nous parcourons rapidement le village où se trouve la fin du marché. La grande place, son église, et ses sculptures contemporaines sont assez jolies. Mais déjà le micro se prépare à partir. Sacs bien accrochés sur le toit, passagers bien entassés comme de coutume, nous pouvons partir ! Adieu Tiahuanaco, mais sois sûr que nous ne t’oublierons pas : prochaine étape la relecture du Temple du Soleil pour cerner un peu plus tes mystères.