5 décembre

potosi_les-mines-6 Potosi était l’une de nos destinations phares en Bolivie. On nous l’avait décrite comme l’un des joyaux de l’architecture baroque en Amérique du Sud. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, elle s’annonçait comme l’une des plus belles villes du pays. Ce n’est pourtant pas cela que nous retiendrons de cette cité coloniale.

Certes la ville ne manque pas de charmes. Mais ce n’est pas dans l’architecture baroque que nous les avons trouvés. Sur ce point, nous devons avouer que nous avons été un peu déçus. Pas de trésors à chaque coin de rue, loin de là. Ce qui nous a le plus séduits dans l’architecture est la multitude de couleurs des bâtiments, et la beauté des nombreuses églises.

Une pause à la célèbre maison nationale de la monnaie s’imposait aussi. Elle nous a permis de découvrir une œuvre assez curieuse et parfaitement représentative des croyances ambiguës des boliviens : La vierge du Cerro Rico. Elle met en parallèle les deux visions du monde du pays : la religion native traditionnelle et le christianisme. Si la sainte trinité est bien présente auprès de cette vierge, ce qui frappe surtout est sa robe : elle représente le Cerro Rico, montagne surplombant la ville. C’est dans cette montagne que se trouve l’argent exploité par les mines de la ville. La « vierge » pourrait donc être également la Pachamama, terre nourricière apportant la richesse à la ville. A nos yeux ce tableau résume parfaitement l’état d’esprit bolivien concernant la religion : si tous nous disent être catholiques, chacun d’entre eux continue pourtant à honorer la Pachamama et d’autres divinités traditionnelles. Vous pourrez remarquer cette ambivalence dans l’architecture des églises également. Il n’est pas rare d’y voir représentés le soleil et la lune par exemple.

Mais parlons maintenant de ce qui nous a le plus marqué à Potosi : la visite de ses mines, dans le Cerro Rico justement. Trois heures dans ces longs tunnels étroits, courbés et respirant difficilement à cause de la poussière nous ont vraiment fait comprendre la chance que nous avions d’être nés au bon endroit du globe. Dans la mine, nous avons croisé plusieurs mineurs, qui nous ont montré leur travail et expliqué qu’ils restaient tous les jours environ 7 heures sous terre. Nous les avons vus remonter à quatre une carriole d’une tonne sur les rails, ou encore, les joues gonflées par la coca pour mieux respirer et ne pas fatiguer, s’accrocher à la paroi pour chercher avec leurs outils assez archaïques un peu d’argent ou d’étain. Assez traumatisant… même si voyager c’est aussi se confronter aux réalités du pays. Dans la mine, encore un signe des superstitions et croyances natives des boliviens : le « Tio » (signifiant « oncle ») veille sur les mineurs. Il est marié à la Pachamama et leurs enfants sont les filons d’argent. Afin que le Tio ne soit pas contrarié et continue de créer les filons, les mineurs lui apportent tabac, alcool, feuilles de coca, et décorent la mine de papiers colorés. Une fois par an, pour qu’il n’ait pas faim, ils sacrifient aussi un lama pour lui. Quant à la Pachamama, elle est également susceptible : pour ne pas attiser sa jalousie, les femmes de mineurs ne doivent pas mettre un pied dans la mine. Sous peine de voir tous les filons disparaître sous sa colère.

C’est autour d’un plat local au marché central que nous nous sommes remis de nos émotions, avec Julio, un guide de notre âge rencontré dans les mines (il a commencé à y travailler à 12 ans avec son père, puis s’est heureusement converti en guide à l’âge de 17 ans). Lui aussi traverse une période assez difficile, mais d’une autre sorte : éperdument amoureux d’une jeune lyonnaise ayant effectué un stage de trois mois à Potosi et avec laquelle il est sorti, il compte se rendre en France en avril afin de perfectionner son français et… demander sa Juliette en mariage ! Il y a en a une qui risque d’être surprise et tomber bien bas… 20 000 lieues sous la Terre ?!